vendredi 17 août 2018

[Critique] Ghostland

Le cinéma d'horreur est sûrement mon type de cinéma préféré. L'horreur en soit, quelque soit, le média est mon genre préféré. J'ai toujours trouvé la peur comme une émotion passionnante et bien que ce qu'on aime peut en dire beaucoup sur nous, ce que l'on déteste et craint nous dit bien plus. Et pour ceux qui ne voient dans l'horreur que des films comme Destination Finale, je vous conjure de vous plongez dans le cinéma de Carpenter, de Romero et de Cronenberg entres autres. Malheureusement le cinéma français a tendance à snobber ce genre. Disons qu'en France, le pays qui nous a donné deux films Aladin avec Kev Addams, est trop bon pour faire de l'Horreur, de la SF ou autres "films de genre". C'est pour ça que vous devez aller voir des films d'horreurs pour montrer aux producteurs qu'il y a une demande en France...par contre ne regardez pas les films de Pascal Laugier car ce sont des merdes.


Pascal Laugier est un réalisateur et scénariste français qui s'est fait connaître en 2008 par son second film Martyrs. Pour ceux qui n'ont pas vu le film c'est, comme son nom permet de le deviner, un torture porn. Le Torture-Porn est un genre où la peur viendrait (théoriquement) de la douleur que les personnages subissent et pour moi si le catalogue de l'horreur était le menu d'une pizzéria alors le torture-porn serait la Calzone : quelque chose que seul un malade choisirait plutôt que les nombreuses alternatives. Certes Martyrs est plus intéressant qu'un film comme Hostel, ça reste du torture-porn et voir quelqu'un écorché vif ne me fait pas peur. Après un film que j'ai trouvé mauvais mais intéressant, Laugier a fait The Secret qui est un thriller et je peux résumer mon opinion du film en 4 secondes :


Enfin en 2018 il réalise le film qui nous intéresse aujourd'hui, Ghostland. Ghostland est un film avec Mylène Farmer qui a gagné le Prix du public, le Prix du jury Syfy et le Grand Prix à Geralmer. Avec toutes ses récompenses on pourrait se dire que Laugier a réussi à faire un excellent film d'horreur et...non. Ghostland est sûrement le pire film qu'il a fait à ce jour et pour comprendre pourquoi je vais vous demander de regarder la bande-annonce.

Bien je vais à présent partir du principe que vous avez vu la bande-annonce et que soit vous avez vu le film soit n'en avait rien à faire de vous faire spoiler soit ne comptiez pas voir le film dans un premier temps. Donc la bande-annonce (et le résumé allociné d'ailleurs) vend un film plutôt d'épouvante où les fantômes du passé se manifestent sous la forme de véritables fantômes. Ça peut paraître intéressant et selon le traitement pourrait faire un film vraiment mémorable. Néanmoins ce que je vous ai dit du film? 30 minutes de celui-ci. Sur un film d'une heure trente. Il serait plus correct de dire que Ghostland est trois films qu'on va résumer chacun après l'autre.

Le premier film suit une mère, jouée par Mylène Farmer et vu que j'ai complètement oublié son nom je vais appeler le personnage Mylène Farmer tout le long de cette critique, et ses deux enfants, Beth et Vera, qui emménage dans la maison de sa sœur qu'elle leur a légué récemment. On apprend que Beth rêve de devenir écrivaine et est une énorme fan de Lovecraft (bon au moins elle a de bons goûts) et que Vera a un caractère de merde et ne s'entend pas avec sa sœur. Alors qu'elle commence à s'installer, la famille est agressée par deux hommes mais Beth réussit à s'enfuir et Mylène Farmer tue les agresseurs. Et c'est la fin du premier film. J'ai pas grand chose à dire dessus mais sur ce qu'on nous introduit je ne vais parler que d'une chose : Lovecraft. Quand on mentionne un auteur, ou un artiste en général, dans une histoire ça ne doit pas être anodin. Surtout que c'est tout sauf subtil, son nom est répété quarante fois dans ce premier acte. Le fait d'autant mentionner ses travaux dans l'intro peuvent laisser penser que l'histoire sera Lovecraftienne, et pour ceux qui ne savent pas ce que ça implique les écrits de Lovecraft sont souvent sur la perte de repère et la découverte que derrière notre quotidien et dans le cosmos se cachent des horreurs sans nom qu'on ne peut pas comprendre de notre perspective limitée. C'est le sentiment d'aliénation dans ce qui devrait être notre monde, le nihilisme face à l'infini du cosmos et la peur d'être une simple fourmi dans notre univers. Le film nous promet donc en quelques sortes ce genre de sentiments avec son visionnage. Gardez ça en tête

Le second film enchaîne donc 16 ans plus tard où Beth est devenue une écrivaine d'horreur à renom mais après un appel inquiétant de sa sœur décide de revenir sur les lieux de leur agression où sa mère et sœur vivent encore. Là elle découvre que sa sœur revit encore la nuit où elle s'est fait agresser au point de s'auto-mutiler. En restant dans la maison elle découvre qu'il y a aussi une sorte de présence qui semble hanter la maison. Alors là il y a deux possibilités : ce qui est évident dans le film à cause de nombreux éléments que je n'ai pas encore révélé et ce que j'espérai voir dans le film. On va commencer par ce que j'espérai avant de dire ce que fait le film:
  • Lovecraft a écrit une nouvelle nommée The Rats in the Walls où dedans le narrateur s'installe dans l'antique demeure familiale et chaque nuit entend des rats dans les murs qui le pousse à explorer la demeure et en apprendre plus sur sa famille. J'espérais un peu que Ghostland soit une sorte d'adaptation très libre de cette histoire...je savais que ça ne serait pas ça mais j’espérais avoir tort.
  • Alors si je vous dit que l'intro nous dit clairement que les agresseurs tuent les parents d'abord avant d'attaquer les filles, que Vera mentionne que Beth peut s'immerger dans un monde imaginaire, que la mère n'a pas vieilli d'un jour en 16 ans et que sa sœur n'arrête pas de dire qu'ils sont encore là et que Beth doit se réveiller que pouvez vous déduire? Oui Sherlock c'est le twist Identity, North ou Twilight 4.2 : toutes la partie 16 ans plus tard est un rêve. Où plutôt un monde intérieur dans lequel Beth s'enferme pour éviter d'affronter la réalité. Mylène Farmer est rapidement morte, n'ayant jamais tué les agresseurs, Beth n'a pas réussi à s'échapper et les sœurs sont en train d'être torturées.
Pour tous ceux qui vont crier aux spoilers, ce retournement arrive après 50 minutes de film. Tout ce que j'ai dit plus tôt dans ce paragraphe ne dure que trente minutes. Ce que je viens de dire n'est pas un twist : c'est un élément principal de l'intrigue. Ensuite je considère qu'un film se spoile tout seul quand il y a une orgie d'évidence. Et en plus d'être évident ce retournement a plein de problèmes. Premièrement il arrive trop tôt dans l'intrigue donc rien n'y est développé. Deuxièment rien n'est recontextualisé quand on revient dans le monde réel car rien n'a été contextualisé dans un premier temps. Troisièmement ça a tellement été fait et refait qu'on peut dire "Ah je me rappelle quand ce concept avait été mieux fait dans Au-delà du Réel(Tempests, c'est un épisode de la saison 3) ou dans ce comic Superman (Pour l'homme qui a tout)". Enfin dernièrement vu que rien n'y est développé ça fait que ces trente minutes du film ne servent à rien. Je répète : un tiers du film peut se résumer par :
MERCI DE ME FAIRE PERDRE MON PUTAIN DE TEMPS!
Et maintenant on entre dans le troisième et dernier film où Beth et sa sœur se font torturer par les deux agresseurs. Alors si un homme travesti en femme et un gros qui torture deux adolescentes vous font peur je suppose que ce film est pour vous néanmoins de mon côté je me demande juste ce que j'ai fait dans ma vie pour mériter ça, pourquoi on a quitté un film plus intéressant pour du torture-porn, pourquoi Lovecraft était autant mentionné dans le prologue, qui est le plus fort entre l'hippopotame et l'éléphant, à quoi servait les 30 précédentes minutes et comment ce film a gagné autant de prix. Puis ensuite les sœurs arrivent à s'échapper et sont récupérés par la police. Mais avant de pouvoir évacuer cette purge avec de la vodka, du kahlúa et du lait, les deux flics sont abattus par l'un des kidnappeurs...qui arrivent en face d'eux...en marchant...dans une plaine déserte... Je comprend que les films d'horreurs doivent avoir un quatrième acte mais si c'est aussi forcé... Donc Beth et Vera sont rekidnappée.

Et là Beth se réfugie encore une fois dans son monde intérieur où là Howard fucking Philip Seriously Lovecraft vient la voir pour lui dire que son roman Ghostland (qui est aussi accessoirement l'histoire du film) est le plus grand roman qu'il est jamais lu et que c'est une oeuvre parfaite. Je suis complètement sérieux. Je sais que c'est dans le monde interne de Beth mais quand même le réalisateur et scénariste de ce film a mis une scène où H. P. Lovecraft dit que son histoire est parfaite au mot près. Ensuite elle reprend ses esprits, sauve sa sœur et les deux sont récupérés par la police pour de vrai cette fois. Fin.

Alors que dire de Ghostland? Commençons par les bons côtés : la réalisation est compétente voir inspiré par moment et le jeu d'acteur est correct. Passons ensuite aux mauvais : tout le reste. Le plus gros défaut de ce film est le scénario, celui-ci n'est pas inspiré et ne va nul part. Pire que ça on maquille ce manque d'inspiration en évoquant Lovecraft et de biens meilleures histoires. C'est pour ça que ma note pour ce film est:
Concours de Monocycle sur Sable Mouvant / 20
C'est un exercice en futilité. De ce film presque la moitié ne sert à rien et ne va nul part. Voir ce film est une perte de temps et si vous voulez vraiment soutenir le cinéma d'horreur français regarder Grave, Haute Tension, Ils merde même la Horde et Martyrs sont plus intéressants que ce film.
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